« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » [Lao Tseu]
Cette phrase résume tellement bien cette randonnée de 6 jours. Partie à l’improviste avec Evie, une amie d’enfance. Je me suis posée des tas de questions avant d’accepter : 6 jours à cheval, tu es sûre ? ça va être un peu long nan ? les paysages risquent d’être un peu monotones, tu ne crois pas ? Et puis, je ne sais pas si j’ai envie de monter un autre cheval que le miens…. Et puis, j’avais vraiment besoin de vacances, ça faisait bientôt un an que je n’en avais pas prises…
Une semaine après nous voilà sur le sol marocain. Sur place, tout est aux petits oignons. Les transferts, l’auberge, la nourriture…. J’aime l’aventure, mais pour une fois ça faisait du bien de ne rien avoir à prévoir, à décider et à faire.
Mon cheval, ce sera Kiss Me. C’est celui que je voulais, c’est un Barbe comme Balkan, mon cheval. Evie aura le blondinet « Hidalgo ». C’est un peu stressant de se dire qu’on part 6 jours sur un cheval que l’on ne connait pas, d’autant plus que ce sont tous des entiers (culturellement, là-bas, la castration ne se pratique pas) et qu’on a pour ordre de garder impérativement nos distances et de ne pas changer de place.
Nous voilà partis, au départ de Diabat, un petit village proche d’Essaouira. On commence par longer une rivière, l’Oued Ksob. On est tout de suite impressionnées par la franchise des chevaux. Ils marchent dans l’eau dans un rythme régulier sans se soucier des galets qu’ils ne voient pas sous leurs pieds. Puis on s’est enfoncée dans la plus grande forêt d’Arganier de la Région. Vous connaissez l’Arganier ? C’est un arbre endémique et épineux. Les chevaux adorent s’y frotter pour se gratter. Ils peuvent aussi les déguster avec délicatesse et précision sans faille. Evidemment Kiss Me est le roi à ce jeu-là et ça me fait beaucoup rire quand il essaye de nous jeter dans chaque buisson. Mais bon un peu de sérieux pour ne pas défaire toute son éducation !
L’argan Tree, c’est trop boooon !
Le premier bivouac, installé à Iga Ougour est très luxe, on a l’impression d’être des princesses, ce qui nous gêne particulièrement ! Ce n’est pas trop notre habitude de se faire servir et de ne pas participer ! Limite, j’aurais bien aimé aller faire la cuisine et percer les mystères culinaires de Shakir, notre Grand Chef cuisto ! Il y a tellement de choses à apprendre, tout est différent de la manière dont on gère les chevaux chez nous. Ici les chevaux sont « Au piquet » toute la nuit. La longe a juste la distance entre la boucle du licol et le sol. Au début, c’est un peu choquant, ensuite, on comprend que c’est la condition pour qu’ils ne se blessent pas et ne se prennent pas les pieds dedans pendant la nuit.
Notre premier bivouac, Iga Ougour
Le lendemain, on aura nos premières et seules courbatures de la rando (après on s’attellera à plusieurs étirements chaque soir pour bien dormir et chasser toutes les courbatures). Sur le chemin, on croise de nombreuses personnes à dos d’âne trottinant en rythme avec les coups de bâtons. Dans les terres, l’âne est encore beaucoup utilisé pour les déplacements mais aussi pour l’agriculture : du labour au transport de marchandises. C’est un animal plus résistant, plus facile à soigner et à nourrir qu’un cheval…et surtout, beaucoup moins cher à l’achat !
La route se poursuit en direction de Seb Neknafa…ou la plus longue montée de toute ma vie !!! Imaginez-vous, en suspension, pendant 30 minutes ! Je ne sais pas si la monter à pieds n’aurait pas été préférable à la surchauffe des chevilles…. Mais cette montagne aura eu le mérite de bien m’apprendre à m’équilibrer en suspension. De là-haut, la vue est imprenable ! On peut refaire notre parcours depuis le départ ! Si je devais ne garder qu’une seule image en tête, ce serait cette vue. On peine à trouver de l’ombre pour le déjeuner, mais on trouve quand même le moyen de faire une petite sieste^^. D’aplomb, on se remet à cheval et en enfile encore quelques kilomètres avant d’arriver à Aïntizeril pour le 2ème bivouac. Je garde très peu de souvenirs de ce bivouac tellement nous étions fatiguées… un p’tit stretching et au lit !
Repos en haut de la colline. On peut voir à gauche de la photo la rivière que nous avons longée. Déjà tant de chemin parcouru !
Une bonne nuit, pour attaquer mille merveilles… les paysages défilent les uns après les autres… Et rien ne se ressemble (avec comme fil conducteur, l’Arganier quand même !) On monte, on descend, dans les cailloux, dans le sable, sur des routes, sous les arbres, dans l’eau. Tellement de diversité que j’ai du mal encore à croire, au moment où j’écris ces lignes – 1 an après – que la randonnée n’a duré que 6 jours. On a aussi traversé des villages, essayant sans succès de passer discrètement^^. Les enfants, à la sortie de l’école nous suivent et s’approchent le plus près possible des chevaux qu’ils ne voient pas souvent. Pour la plupart c’est aussi l’occasion de s’exercer au français qu’ils apprennent à l’école. Notre 3ème bivouac se fera à Argana. C’est dans ce village que ce situe la coopérative féminine d’huile d’Argan. De cette huile on fait beaucoup de choses, des crèmes et autres produits cosmétiques qui sentent très bon, de l’excellent miel, du beurre… etc. Ce soir-là, 2 cavalières nous quittent pour d’autres aventures. Les chevaux sont embarqués depuis un talus dans une camionnette pour regagner l’écurie. C’était à la pleine époque où je cherchais à m’équiper pour transporter mon cheval et où je me prenais la tête pour savoir si le van que j’allais acheter serait confortable ou non pour mon cheval^^.
L’Art d’embarquer un cheval dans un camion au Maroc !
Le 4ème jour, nous quittons l’arrière-pays pour rejoindre le littoral. L’arrivée dans les hauteurs d’Ifthane surplombant la mer était pour moi, comme une grande bouffée d’air. La mer, j’en ai besoin et la voir me fait du bien. Alors aller y patauger, je ne demandais rien de mieux ! Surtout que Kiss Me adore ça. En plus d’une bonne thalasso, il adore aller jouer dans les vagues, j’ai trouvé ça génial ! Mon cheval fonçait dans l’eau comme s’il allait passer la barre et se prenait les vagues dans les fesses… La mer (un spot de surf reconnu) était si puissante que les éclaboussures jaillissaient à plusieurs mètres de haut ! J’étais trempée, mais j’étais bien, dans mon élément…
Ifthane, sa vue sur mer, son bivouac….
La suite de la rando s’est faite le long de la côte. Depuis les cascades de Sidi Embark jusqu’à Sidi Kaouki où nous avons bivouaqué, nous avons alterné des moments de calme au pas avec de folles galopades le long de l’eau. Folles, mais contrôlées… car si les chevaux se laissent aller aux mains de leurs cavaliers, ils restent à l’écoute de leur guide et ralentissent pour s’arrêter au moindre coup de sifflet.
Découvrez la rando en 1 min(et 15 sec) d’images !
J’ai trouvé si riche de monter sur des chevaux dressés de manière différente de chez nous. J’ai appris plein de choses et de codes que j’aimerais enseigner à mon cheval pour randonner ! Mais par-dessus tout, ce que je retiens c’est, pour moi, cette nouvelle manière de voyager… A cheval nous sommes allés là où on n’aurait pas pu aller en voiture, en scooter, ou en bateau. Nous étions accompagnées d’un guide qui connaît l’endroit comme sa poche et nous n’aurions jamais trouvé de carte avec le trajet de la rando… ça n’existe pas. Et puis, le guide a tellement d’histoires et d’Histoire à nous raconter.
Pour sûr, c’est quelque chose que je recommencerais !
[Et j’ai recommencé un an après… je reviens du Chili et je vous raconterais « La Cabalgata de Atacama »…un peu plus tard^^ ]